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Manga : 3ème partie

 Les influences économiques du manga au japon mais aussi en europe...



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CHAPITRE 3 : LES INFLUENCES ECONOMIQUES DU MANGA

1) Un marché en forte expansion

Depuis les premières publications et les premières sorties vidéo de 1993, le marché du manga a connu une très grande expansion. Durant ces trois années, quelques quatre millions d'exemplaires tous titres confondu ont été vendus. Les éditeurs se frottent les mains et se réjouissent des perspectives économiques qu'offre un marché si grand et si facile vendre.
En effet, depuis 1993, le nombres de boutiques spécialisées dans les manga nippones n'a fait que croître. Samouraï a par exemple développé un petit réseau de distribution en France. Début 93, ils n'avaient que leur maison parisienne, alors qu'en 95, ce sont pas moins de 10 boutiques qui représentaient le libraire-éditeur dans toute la France. Ce développement fulgurant est en partie dû au fait que de nombreux fans de japanimation préférait acheter des manga en version originale que d'attendre la parution en Français.

En 1994, les éditeurs se rendent compte qu'ils peuvent exploiter facilement un nouveau marché et répètent l'expérience qu'avait tenté Glénat avec Akira. Glénat, quant à lui, satisfait des ventes d'Akira, poursuit son plan d'édition et publie en français Dragon Ball, Ranma 1/2, Crying Freeman,... Fin 1994, l'éditeur PFC Vidéo, qui avait déjà traduit certains films et OAV pour l'Angleterre et l'Espagne sous le label Manga Vidéo, débarque en France avec les best-sellers Akira, Dominion Tank Police, Hokuto No Ken et bien d'autres. Ak Vidéo, lui, entreprend la traduction des OAV du célèbres Dragon Ball qui se vendront chacun à plus de 600.000 exemplaires.
En 1995, la situation se transforme. Les ventes de manga en version originale baissent et les traductions françaises augmentent de 300%. En effet, sur l'année 95, 30 nouvelles séries, contenant pour la plupart un grand nombre de volumes, sont éditées en France et en Belgique. ( Dr Slump, Apple Seed chez Glénat, Angel, Cyber Weapon Z chez Tonkam, City Hunter, Fly chez J'ai Lu ) . Il en va de même pour les sorties vidéos d'OAV et de films d'animation avec Urotsukidoji, Iria, Ah ! My Goddess, Venus War,... Cette augmentation considérable du marché du manga s'explique par le grand nombre d'éditeurs qui s'intéressent et publient des manga. On retrouve des éditeurs traditionnels comme Glénat ou Casterman côté papier ou comme PFC et AK du côté vidéo. Mais on assiste également à la naissance d'éditeurs spécialisés qui tirent leurs revenus à 100% du marché nippon. Ce sont Tonkam, Samouraï, Eva Vidéo, Dragon Vidéo,... On retrouve bien souvent une vieille boutique d'importation à leur origine.
Voyons maintenant trois grandes industries du manga...

Un éditeur de manga : Glénat
Jacques Glénat, PDG de la maison d'édition française, découvre les manga lors d'un voyage au pays du soleil levant en 1988. Il pense ensuite que la sortie du film Akira dans les salles la même année est l'occasion pour lui d'éditer en français le manga papier du même nom. Cette traduction ne remporte pas vraiment un vif succès, mais un public de passionné répond à l'offre. Persévérant, il sortira en 1993 la version papier de Dragon Ball, ayant observé le succès phénoménal de la série télé. Cette série fait l'objet de deux publications. Une au petit format, bimensuelle, représentant la moitié d'un volume normal. L'autre est mensuelle et reprend le format original.
Chaque volume se vendra à plus de 100.000 exemplaires. Le dernier volume paru ( volume 36, mars 1999 ) se serait vendu à quelques 250.000 exemplaires. Actuellement, les manga représentent 35% du chiffre d'affaire de Glénat. C'est désormais la plus grosse maison d'édition de manga en français avec quelques 40 titres à son actif ( mars1999 ). Elle a su s'imposer comme maîtresse dans ce nouveau marché. Le jeu en valait la chandelle.

Un éditeur de vidéo :PFC Vidéos
Déjà responsable de l'importation de la japanimation dans les pays ibériques et anglo-saxons, PFC s'est chargé d'ouvrir le marché des vidéos en francophonie. Les quatre premières cassettes mises en vente furent disponible début 1995 en Belgique ; deux films : Urotsukidoji et Vénus War, et deux séries d'OAV : Cyber City Odeo 808 et Dominion Tank Police, se vendirent à quelques 40.000 exemplaires par titres.
Désormais, chaque nouveau titre de leur catalogue est tiré au minimum à 40.000 unités. Le label Manga Vidéo représente 30% des bénéfices de PFC Vidéo et les nouveaux titres ne sont pas en manque. Il y a en moyenne 5 à 6 nouveautés manga dans le catalogue de PFC chaque mois. Il est cependant important de noter que c'est le label Manga Vidéo qui fut le plus gravement touché par les opérations de censure. Les principales maisons d'éditions de vidéos sont désormais AK Vidéo, qui se spécialise dans la sortie de séries d'animés célèbres ( Cobra, Tom Sayer, Capitaine Flam,... ) et Dynamic Vision, un éditeur belge qui enchaîne best-sellers sur best-sellers (avec la sortie d'Evangélion et de UFO Robot Goldrak).

Un éditeur / distributeur : Tonkam
Tonkam est une des plus vieilles boutiques d'importation de manga japonais en France, puisqu'elle fut crée en 1972. Elle resta simple distributrice jusque début 1992. Elle édita alors un fanzine* traitant de japanimation ( le Tsunami, et plus tard, le Neo-Tsunami ) et s'intéressa de près aux premières sorties de Glénat. En 1994, la société Tonkam se lança dans l'édition de manga écrits et vidéos. Mais, conformément aux idées du directeur, ils délaissèrent les grands succès aux profits d'œuvres plus originales et méconnues en Europe. Ils traduisirent et publièrent donc Shin Angel de U-Jin, Vidéo Girl Aï de Masakazu Katsura, RG Véda et Tokyo Babylon de Clamp, puis Bouddha et Adolph Ni Tsugu de Tesuka.
Cette diversification leur permit de doubler leur chiffre d'affaire en moins de deux ans. Cela leur offrit également la possibilité de traduire des œuvres moins commerciales comme Assate Dance et Amer Beton, qui nous proposent une version plus underground du Japon actuel. Mais ces libertés ne furent pas sans remous, puisque, comme dis précédemment, c'est Tonkam qui fit l'objet d'une interdiction ministérielle lors de la crise de 95.

La crise de 1995

1995 fut une année noire pour le manga en Europe. Les problèmes se multiplièrent et personnes ne proposa de solutions. On assista d'abord à la mort du Club Dorothée, qui, même si très controversée, avait eu le privilège d'introduire la japanimation dans notre quotidien. Puis, la publication japonaise de Dragon Ball prit fin après dix ans de bons et loyaux services. Résultat : toute une série de fan décrocha et les ventes de manga originaux chutèrent fortement. Le marché du manga avait besoin d'un peu d'air frais pour se maintenir en vie et la seule chose qu'il reçut fut la visite de comités parentaux outragés. Ceci porta un coup fatal à nombres d'éditeurs.
Samouraï dut arrêter du jour au lendemain sa publication de manga et se consacrer à d'autres affaires. Manga Vidéo a été interdit de séjour en Belgique et ses ventes diminuèrent fortement en France. Sémic et Delcourt, fraîchement arrivés, préférèrent stopper leurs publications de manga. Même les plus solides durent limiter leurs publications. Glénat, par exemple, a préféré stopper les publications de deux titres ( Crying Freeman et Sanctuary ) et soumettre ses titres à des censures préalables devant les risques encourus. Nous étions alors dans le creux de la vague. Le public se désintéressait et les éditeurs étaient désespérés. Ce ne sont que les plus têtus d'entres eux ( comme Tonkam ou AK Vidéo ) ou les plus chanceux ( comme J'ai Lu qui échappa miraculeusement à toutes opérations de censure sur son titre principal City hunter ) qui purent sortir de cette impasse la tête haute. Pourtant, cette crise n'a pas été totalement négative. Elle a joué le rôle d'un garde-fou : elle a assainit le public manga. Les enfants ne sont désormais plus la cible première des éditeurs. Glénat l'a bien comprit en publiant par exemple Ghost In The Shell, Pinapple Army ou encore Mermaïd Scar.

La situation actuelle

Le public de fans, en manque après la fin de la publication japonaise de Dragon Ball, se tourna vers d'autres œuvres plus intelligentes et plus recherchées. Cela permit l'expansion des autres maisons d'édition et la diversification des sorties. En effet, à l'époque, seul une trentaine de titres était disponible, alors qu'à l'heure actuelle, ils sont près de 150 différents ( mars 1999 ). De nouveaux éditeurs débarquent également sur le marché. Ce fut le cas, il y a maintenant un an, de Dargaud, sous le label Kana et il y a quelques mois, du belge Dynamic Vision.
On a également constaté l'apparition d'une presse spécialiser. Le mensuel Manga Player vit le jour en 1996 et est entre temps devenus éditeur à part entière ( avec 3X3 Eyes, BT'X, Wingman,... ). Les anciens fanzines des boutiques d'importation sont maintenant devenus des mensuels officiels disponibles en librairie ( c'est le cas de Anime Land, Tsunami,... ). Mais, ce n'est pas seulement l'édition qui s'est développé durant ces quelques années. L'accessoire, l'objet de collection, le goodies, est un marché lui aussi en pleine expansion.

Les fans se transforment en effet de plus en plus en collectionneurs extrêmes ( ceux que l'on appelle des Otaku au Japon ). Et les sociétés de distribution n'on pas laissé passez l'occasion. Art-Book, posters, anime-comics, CD de BO, ramikarts ou sculptures se trouvent à la pelle dans les magasins qui vendent des manga. Et c'est un marché d'importance.
Prenons l'exemple des ramikarts, ou cartes de collection, si vous préférez. Chaque volume de manga au Japon donne naissance à une série d'environ 150 cartes plastifiées représentant des temps fort de l'histoire. Pour une série comme Ranma1/2, qui compte 38 volumes, cela représente 5700 cartes ! Sachant qu'elles sont généralement vendues au prix unitaire de 50BEF la carte, cela revient assez vite très cher. On assiste alors à la naissance de fanas qui ne se consacrent qu'à une seule série en particulier. En quelques semaines, il devient facile pour un fan d'Evangelion de dépensez quelques dizaines de milliers de francs juste pour sa passion. Il faut savoir que le marché du Goodies représente près de 20% du marché du manga.
Enfin, pour bien mesuré l'ampleur du marché du manga en Europe, il suffit de regardé les chiffres du premier salon du manga, organisé à Paris en 1996. Le Planète Manga - c'est son nom - remporta un succès phénoménal auprès des jeunes Français. En cinq jours, quelques 40.000 visiteurs se sont présentez aux portes. On a même été obligez de fermer les caisses pendant trois heures le samedi après-midi pour des raisons de sécurité ( Heureusement, j'étais déjà à l'intérieur avant !! ) . Les organisateurs se payèrent même le luxe d'avoir des invités prestigieux en les personnes de Akira Toriyama ( Dragon Ball, Dr Slump ) et de Leji Matsumoto ( Galaxy Express 999, Albator ).

Et la BD Européenne ???

Pour une fois, nous nous écarterons légèrement du manga pour laisser place à la BD...

Finissons sur un ton rassurant. Devant pareils chiffres, on peut se demander si les manga ne seront pas un jour responsables de la disparition de la bande dessinée européenne. Le développement du marché du manga se fait sans empiéter sur les productions européennes plus anciennes. Et ce sera sans doute toujours le cas, et ce pour deux raisons :
- Les chiffres prouvent que les aficionados du manga ne quittent pas le marché européen au profit exclusif des séries nippones. Ils allient la plupart du temps les deux. Il semblerait même que ceux qui ne s'intéressaient pas au BD traditionnelles y viennent par l'intermédiaire des manga. Ainsi le dernier Lucky Luke s'est vendu à 450.000 exemplaires et les rééditions des classiques de la Bd européennes comme Astérix ou Tintin se vendent entre 1 et 2 millions d'exemplaires. Ce ne sont pas les 250.000 exemplaires de Dragon Ball 36 qui les inquièteront. Les nouvelles séries européennes comme Largo Winch, XIII ou Lanfeust de Troy représentent également un marché considérable.
- De plus, il n'est pas rare de voir des auteurs français émigrer au Japon. Le magazine Shônen Jump a récemment accueilli dans ces pages L'autoroute du Soleil de Baru, un jeune dessinateur français de 30 ans. Les Japonais sont également très friand des bandes dessinées européennes et les achètent en grand nombre. Alors, ce que l'on perd d'un côté, on le regagne de l'autre...

Chacun sa merde après tout ! (cf kuja- 1/04/01)
kuja  

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